« L'Assiette du lundi »


« La destinée des nations dépend de la façon dont elles se nourrissent »
« Ceux qui s'indigèrent ou qui s'enivrent ne savent ni boire ni manger »
« Les animaux se repaissent, l'homme mange »
« Dis-moi ce que tu manges , je te dirais ce que tu es »
(Brillat-Savarin / La physiologie du goût)




Réflexion

Selon une vieille acception le terme nourriture aurait à voir avec éducation, et peut-être n'est-ce pas par hasard que nourrir est synonyme d'élever et que élever est en rapport avec le mot élève c'est à dire celui qu'on est sensé faire grandir (et pas forcément grossir !), culturellement parlant.
Alors qu'on se nourrit chaque jour, pendant toute sa vie, l'éducation à l'alimentation , qui devrait être considéré comme un véritable enjeu de société et relever du droit à la culture ;, est sous-estimée et ne relève même pas des apprentissages fondamentaux comme la lecture et le calcul. Car manger n'a pas une vocation uniquement biologique mais aussi une dimension sociale et culturelle que la famille assure de moins en moins pour des raisons diverses : éclatement, évolution du rôle traditionnel de la femme au sein de la cellule familiale, éloignement des anciens qui traditionnellement jouaient le rôle de passeurs et d'éducateurs...
Le savoir manger, c'est à dire sa capacité à choisir, à mêler, à partager, à comprendre, à créer, est une façon d'exercer sa volonté d'être. Comme tout savoir, il s'appuie sur les connaissances passées, se frotte au présent, et permet de se projeter dans l'avenir.
Or, quand on observe certaines pratiques tant du point de vue de l'offre avec le développement de la restauration rapide que des comportements comme le grignotage ou le « zapping alimentaire » , la façon de s'alimenter, dans de nombreux cas, devient à la nourriture ce que l'analphabétisme est à la lecture.
L'offre alimentaire entièrement considérée dans son rapport au consumérisme , donc à son intérêt commercial et source de profit, comme la tendance le veut pour tout produit culturel, aboutit à un appauvrissement des connaissances et des savoir-faire qui participent de l'être en tant qu'agissant et décidant.
Le projet « le pied dans le plat », est une présentation dans l'espace social, en forme d'acte artistique, pour interroger la Cité sur le rapport culture et nourriture.



Présentation

Le projet « le pied dans le plat » consiste :

* à inviter pendant une année entière c'est à dire 52 semaines 3 goûteurs ou goûteuses à déjeuner ou à dîner , soit au total 156 personnes
* en relation avec un ou plusieurs chefs cuisiniers à proposer 52 menus simples différents , chaque menu étant dans la mesure du possible une création en fonction de la production saisonnière. Les créations gastronomiques devront faire une large place aux produits locaux. Malgré tout, et dans un esprit d'ouverture, une partie de ces repas devront être consacrés aux cuisines du monde.
* à éditer un livre co-signé par tous les acteurs du projet qui rendra compte de toutes les recettes imaginées ainsi que des témoignages et conversations des personnes participantes
* à organiser une petite série de rencontres sur le thème « culture et nourriture »
* à mettre en place une série de stages autour du thème « culture et nourriture »


Objectifs

* créer un événement culturel associant « des gens » de manière à questionner la Cité sur son rapport à un aspect de sa culture : la manière de se nourrir
* valoriser la conception de repas comme domaine de création à part entière
* faire comprendre (ou simplement rappeler) que manger est un acte culturel
* valoriser la qualité et la simplicité en matière de nourriture
* faire connaître la diversité et le potentiel créatif d'un territoire en matière de cuisine
* associer la notion de plaisir à l'enrichissement culturel