Les 80 ans de ma mère.
 
 
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Les réalisations, Eric FERRAND avec René LONJOU,
Yvonne MIDROUILLET

Eric Ferrand « les 80 ans de ma mère »
Compte rendu du 15 juillet 2004 :


I) Yvonne Midrouillet :
- Premières rencontres en avril, Yvonne me lit les textes qu'elle a écrit voici quelques années : anecdotes, souvenirs écrits en patois du Morvan. Ces contes du quotidien racontent les veillées, les travaux domestiques, la famille, les voisins, ainsi que les aventures de personnages hauts en couleurs -Yvonne a tenu un bistrot- : le Millien, le Polyte, la Perrine, le Jean- Pierre au concours à Nevers, la ptite Louise, le vieux sabotier...
Nous décidons de suivre cette piste et envisageons l'enregistrements de contes sonores et musicaux, quelque chose qui ressemblerait à du cinéma pour les oreilles.
-avril et mai : enregistrements des textes lus par Yvonne : 17 textes sont enregistrés une première fois, puis réenregistrés plusieurs fois, en tenant comptes d'indications de jeu, de sens, d'intentions... jusqu'à obtention d'un résultat satisfaisant.
-mai et juin : enregistrements de parties d'accordéon jouées par Jean, le mari d'Yvonne. Nous enregistrons une vingtaine de thèmes traditionnels du Morvan, qui serviront de base musicale aux récits. Nous choisissons ensemble le ou les thèmes les mieux adaptés à chaque histoire.
-Juin et juillet : montage sur ordinateur des textes et thèmes musicaux : première écoute. Nous décidons ensemble du développement sonore et musical (choix des sons d'ambiance, des instruments...) de chaque pièce.
Enregistrement des sonorités concrètes et parties instrumentales complémentaires (violoncelle, voix, percussions, guitare...). Première écoute de titres à peu près terminés (mixages provisoires). Je tiens compte des remarques d'Yvonne et note sa satisfaction, voire son émotion, à l'écoute de ses histoires qui dormaient dans un cahier.
Nous décidons ensemble de poursuivre le travail et d'envisager la parution d'un Disque Compact et pourquoi pas des représentations publiques, sous forme de veillées ré-actualisées. Je travaille actuellement sur de nouveaux titres, mais devant l'ampleur du travail, le Cd ne sera pas prêt avant l'automne prochain. J'envoie à Yvonne chaque nouveauté et celle-ci me fait part de ses commentaires et remarques. Nous avons prévu de nous revoir avant le mixage définitif pour écouter ensemble et décider des choix définitifs. Nous envisageons si possible des représentations pour l'hiver 05 : j'accompagnerais Yvonne sur scène, elle récitante, moi à la mise en scène et musique.








II)René Lonjou :
René habite un hameau perdu au milieu des bois et des collines. Rencontre très amicale : à chaque visite nous parlons, mangeons, buvons face à un paysage champêtre merveilleux. Nous décidons d'enregistrer les conversations en vue d'un travail autour de la parole, sans trop parvenir à fixer un objectif précis : René semble inquiet d'avoir à envisager une oeuvre artistique, il ne s'estime pas compétent dans ce domaine et souhaiterait me voir prendre en charge seul la partie création. Je pourrais bien sûr travailler comme je l'ai déjà fait : recueillir une parole, puis composer seul autour de la voix en intégrant instruments et sonorités concrètes, pour créer une sorte de portrait sonore. Mais nous sortirions là de l'objectif fixé, j'insiste donc pour que René soit consulté et associé à chaque étape de travail. Comme ce dernier s'enflamme sur certains thèmes -sociaux notamment- nous décidons de creuser la piste de la colère, de l?indignation. « Alors René, qu'est-ce qui t'énerve ? ». Nous parlons de l'évolution de la société, évolution ou régression sociale ? Réformes ou contre-réformes ? De la place des vieux -René ressent une forme de déconsidération voire de mépris- de la canicule de l'été 2003 et des responsabilités des élus ( privatisations, menaces sur les services publics)... J'ai recueilli plusieurs heures d'enregistrement, commencé à travailler dessus, tout en me demandant dans quel but, pour qui faisions nous cela. Pour René lui-même ? Parler de ses colères, en faire un morceau sur un CD, et voilà...
Je lui propose donc de réfléchir ensemble à l'adresse, au but. D'une conversation, ne pourrions-nous pas passer à un manifeste, une lettre ouverte ? A qui a-t-il envie de s'adresser ? A qui envoyer ces coups de gueule afin que l'action ne soit pas stérile ? Nous bénéficions du « label » 80 ans de ma mère, ce qui donne plus de poids qu'une parole isolée et peut nous permettre d'être écoutés, entendus, auprès d'élus, journalistes? Nous pouvons faire d'une création « esthétique » une action artistique engagée et concrète. René réfléchit actuellement à ces arguments, j'attends sa réponse pour orienter le travail dans une direction précise. J'aimerais que nous puissions envoyer le résultat en septembre prochain : les jeunes devant TF1, les vieux dans la rue : l'avenir, c'est les vieux !
A bientôt.
(un extrait en cours)