La "mise en scène dans l'espace social" est un concept imaginé par Jean Bojko à la fin des années 1990, précurseur de ce que l'on nomme aujourd'hui des "projets artistiques de territoire".

A la recherche d’une efficacité de l’acte théâtral sur le plan social et politique, il fait entrer le théâtre dans l’espace de la Cité pour la questionner de l’intérieur. A partir des fondamentaux du théâtre (espace + jeu + temps), en les étirant, en les bousculant, en les déplaçant, il conçoit la « mise en scène dans l’espace social », une forme de mise en scène qui sort du cadre conventionnel mais continue à se revendiquer comme relevant du théâtre. Ainsi les espaces de jeu s’étendent sur les territoires et dans les espaces numériques, le jeu implique les habitants en tant qu’acteurs, et le temps peut se dérouler sur plusieurs années… Et ces expériences peuvent inclure différentes formes d’expression artistique de manière à enrichir la réflexion.

Quelques exemples de « mises en scène dans l’espace social » réalisées par le TéATr'éPROUVèTe :
« Création pour une ouverture vraie » pour donner la parole aux exclus,
« 32 + 32 = 2000 (et même plus !) » pour parler de la richesse des petites communes,
« Les 80 ans de ma mère » pour parler des personnes âgées,
« les Jardins d’Etonnants » pour parler de la relation entre culture et potager,
« L’Université des Bistrots » pour parler de la relation entre connaissance et plaisir,
« Une pièce dans l’Anguison » pour parler de la richesse,
« L’Alimentation Générale Culturelle » pour parler des services en milieu rural,
« Les grandes interrogations d’Emile » pour parler de la transmission intergénérationnelle, le « Cabinet de Poésie Générale » pour parler de la place de la poésie dans le quotidien,
« la Petite Fabrique d’Epitaphes » pour parler de la mort et de l’ubérisation,
« le Don du Temps » pour parler de l’accélération...

Il s’agit, dans un espace donné, dans un temps donné, d’inventer et de mettre en place des histoires, d’inviter les habitants d’un territoire rural à jouer collectivement, avec l’aide d’artistes, et à provoquer des réflexions sur des questions de société. Sans oublier les nécessaires débordements (car on ne peut pas créer sans déborder).

Il s'agit aussi d'imaginer tout cela en prenant en compte les spécificités de la campagne où nous avons choisi de mener notre aventure, en gardant en tête qu'on est riche de ce que l'on a avant d'être pauvre de ce qui nous manque.